07 juillet 2016
Examens et stress comment aider nos candidats aux examens, concours à croire en eux
Comment résister aux pesanteurs sociales africaines ( trop de pression tue et annihile tout esprit)
Le Bac est une bonne chose mais on peut réussir sa vie sans le Bac , sans le Bac la vie continue
on m' a demandé de parler à des élèves candidats et coici ce que j'ai dit pour les motiver, en leur disant d'abord qu'ils sont capables
SYNTHESE DE LA 6 ème NUIT DE LA PHILO DU SAMEDI 30 MAI 2015 A L’INSTITUT FRANÇAIS DE SAINT-LOUIS DU SENEGAL par le Pr Alpha SY
Sous le regard presque blasé de la lune, mais avec la complicité d’un climat franchement clément, l’Institut français a accueilli, ce 30 mai 2015, plus de cinq cents personnes de toutes les catégories sociales et originaires de Saint-Louis et des localités environnantes comme Rao, Gandon, Tassinère, Gandiole, Maka Diama, Ross Béthio et même Richard-Toll. Pour des raisons évidentes, ce public était composé majoritairement d’étudiants et d’élèves, qui, accompagnés par leur professeurs, qui par leurs parents et n’entretenant pas forcément les meilleurs rapports avec la langue de Molière. Le prétexte de cette rencontre : « Les media : vecteur du pluralisme ou nouveaux instruments de pouvoir ? »
Pour discuter de ces questions, l’Institut français et Alpha Amadou Sy avaient mis à contribution l’expertise avérée de Diatou Cissé, journaliste, membre du Tribunal des Pairs mis en place par le Comité pour le respect des règles éthiques et déontologiques (CORED), Mor Faye directeur de l’UFR CRAC de l’UGB, Rachid Id Yassine, Enseignant-chercheur à l’UGB et à l’Université de Perpignan et, par Skype, René Villemure, éthicien, Québec, et Pape Bakary Cissoko, philosophe et formateur interculturel à Paris ainsi que la participation du journaliste formateur à l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication (ISSIC), Ibrahima Bakhoum, qui a eu l’amabilité de remplacer au pied levé son collègue Mamadou Ibra Kane, empêché.
Dès l’entame, les intervenants se sont adonnés à ce périlleux mais incontournable exercice qu’est la clarification conceptuelle. Pas plus que les médias ne sont réductibles au journalisme, la presse ne saurait se réduire à la pratique du journaliste. Il s’agit d’une entreprise plus complexe qui, finalement, intègre tous les canaux par le truchement desquels passe l’information. De même, quand on parle de presse, il convient d’avoir en tête cette immense chaîne dont le journaliste ne constitue qu’un des maillons. Cet éclairage permet d’avoir une perspective plus enrichissante surtout quand elle prend en compte les technologies de l’information et de la communication qui ont fini d’assurer massivité, célérité et spontanéité à la circulation de l’information donnant, du coup, le sentiment que nous sommes « dans un village planétaire ».
Cette séquence de clarification conceptuelle dont l’urgence a été commandée par les premières réactions d’un public détendu mais très attentif, a inspiré des questionnements qui ont eu le mérite d’alimenter cet exceptionnel banquet de l’esprit : « Qui est et qui n’est pas journaliste ? Pourquoi les journalistes sont-ils prompts à céder à la dictature des faits divers et de l’anecdotique ? Comment se fait-il que le journaliste s’intéresse non pas au chien qui mord un homme mais à l’homme qui mord un chien ? Les journalistes sont-ils conscients des menaces qui pèsent sur leur corporation ? Qui a intérêt à dire quoi ? Quelle est la question derrière la question. ? Dans ce flot d’informations, comment s’en sortir ? Notamment, comment authentifier les sources de l’information et se prémunir contre les discours pollués ? Quelle est cette valeur ajoutée que le journaliste est à même d’ajouter à sa profession pour se démarquer du blogueur qui n’est forcément pas gouverné par les mêmes règles d’éthique et de déontologie ? Faut-il moraliser ou « éthiquiser » la pratique journalistique ou œuvrer dans le sens plus général de changement les mentalités ?
Par delà les divergences, quand même ces points de convergence : la reconnaissance des maux dont souffrent les média et la nécessité de trouver des remèdes à la hauteur des préjudices soulignés. Sous ce rapport, la perspective historique a rendu intelligible ce mouvement au cours duquel on est passé de la conception de média d’émancipation, assortie d’un certain idéal, à celle de média soumis à la loi implacable de l’offre et de la demande.
Crise de la presse certes, mais il importe tout de même d’éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. Il se donne à lire que, dans un pays comme le Sénégal, la presse aura joué un rôle de premier plan dans l’avènement des deux alternances politiques de 2000 et de 2012. Il s’y ajoute que la corporation des journalistes des communicateurs et techniciens de l’information, après avoir procédé à un diagnostic sans complaisance, s’est donnée les moyens de remédiation. En attestent des structures comme le Comité pour le respect des règles éthiques et déontologiques et le Tribunal des pairs.
Le débat se poursuivra sur les obstacles qui hypothèquent le triomphe du pluralisme dans les média. Dans cette mouvance, les limites du combat des défenseurs du Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication seront l’objet d’un fructueux échange. Là aussi des questions ont fait surface : Pourquoi cette lutte des Amadou Mahtar Mbow et de Sean Mc Bride est- elle restée sans écho ? Le volontarisme peut-il suffire quand il s’agit d’enrayer ou tout au moins d’atténuer la mainmise des puissances occidentales sur les sources essentielles de l’information ? Quels actes concrets les Etats africains ont-ils posé pour assurer leur souveraineté en matière d’accès aux sources et de traitement de l’information ? Pluralisme, certes mais ce concept est-il réductible à la diversité dans l’expression politique ou intègre-t-il les diversités culturelles, avec leur corollaire, à savoir les légitimes aspirations des différents peuples de notre planète à vivre selon des normes à eux ? Le pluralisme peut- il se concevoir sans les identités ? Comment affirmer le soi sans verser dans les « identités meurtrières » ?
En tout état de cause, la complexité des questions soulevées et la passion qui a gouverné la prise de position des uns et des autres ont fini d’édifier sur tout l’enjeu philosophique de cette problématique des média. La démarche, dans le double axe de l’analyse conceptuelle et de la mise à profit de la perspective historique, a sans doute contribué à convaincre sur la portée du mode de pensée philosophique, chaque fois qu’il s’agit de soumettre à un examen judicieux les questions essentielles qui troublent l’humanité. La difficulté à opérer des choix pertinents, la manipulation dans le traitement de l’information, la célérité et la massivité avec lesquelles les informations envahissent nos domiciles jusqu’à violer notre intimité confèrent toute la fraîcheur à la nécessité de la formation et de l’éducation des citoyens, afin de leur donner la chance et les moyens intellectuels d’imprimer leur propre subjectivité à la marche du monde.
Il était sans doute minuit à Québec, avec René Villemure, six heures du matin à Paris avec Pape B. Cissoko, et 4 heures à Saint-Louis du Sénégal quand les rideaux tombaient sur la Sixième Nuit de la Philosophie avec certainement le sentiment que Condorcet avait raison de recommander vivement que la philosophie préside à la formation des citoyens ! Et par ce banquet qui s’est assurément joué, à la fois, du temps et de l’espace initiateurs, invités et intervenants ont donné une excellente illustration du bon usage des TIC !
Alpha Amadou SY Modérateur
Lire sur le même sujet
http://www.doomoundar.com/index.php/component/k2/item/1213-nuit-de-la-philo-les-journalistes-au-banc-des-accuses
Alpha sy : Chers amis !
J'ai été tout simplement comblé par tant de générosité ! Un grand merci en mon nom personnel et au nom de ces centaines de jeunes qui ont eu l'immense privilège d'écouter vos développements des plus succulents. Quelle belle nuit ! Quelle complicité autour des concepts! Quel souffle noétique!
Thierry à Pape CISSOKO
Cher professeur,
Nous avons été une fois encore impressionnés par votre engagement, votre écoute patiente, votre enthousiasme et votre générosité lors de cette 6ème nuit de la philosophie qui a rassemblé plus de 500 auditeurs qui sont restés attentifs et captivés jusqu’au petit matin.
Le travail de passeur et d’éclaireur que vous accomplissez est merveilleux, votre investissement, ce fameux dieuf dieul auquel vous donnez forme, voix et vie, ne saurait rester vain.
Avec nos remerciements les plus vifs,
Thierry Dessolas et l’équipe de l’Institut français de Saint-Louis
De I BAKHOUM Un grand merci A tous,
Je crois que cette soirée dont je parle partout depuis mon retour à Dakar, a été plus que ce que j'en attendais. Aussi bien le format que la participation des jeunes me sont restés comme une intéressante expérience d'échanges. Pas besoin de vous dire que j'ai l'expérience des rencontres, mais le forum à l'Institut Français de Saint Louis .... chapeau !
Quant à la philosophie, elle reste transversale et peut forcément trouver objet dans quasi toutes activités humaines. Il suffit de la juste touche d'hommes et femmes de l'Art comme les initiateurs de la manifestation du week-end dernier qui je l'espère ne sera pas le dernier.
BAKHOUM Khadidiatou
De Diatou CISSE
Bonjour Alpha
Merci à toi aussi pour ton immense générosité. ça fait chaud au cœur de rencontrer des éducateurs (je ne dis pas enseignants) dans l'âme. Merci de nous avoir donné l'opportunité de nous enrichir davantage au cours de cette soirée. Puisse Dieu rétribuer tes efforts.
Café philo destiné aux bénéficiaires du RMI à l'espace CHAMPIGNY.
Pendant cinq ans nous avons introduit la philosophie là où elle n'était pas souhaité par les usagers plus préoccupés par le gain. Mais un contrat a été scellé, à savoir essayer et si ça ne rapporte rien on arrête l'expérience et voici la réponse au bout du premier caafé philo : Qu'est-ce que ça fait du bien de philosopher, poser sa valise, réfléchir sur soi et les autres. cette activité permet de se connaître condition pour envisager l'Action.
2014
SYNTHESE DU LA NUIT DE LA PHILOSOPHIE
DU SAMEDI 31 MAI 2014 DE 21 HEURES À 04 HEURES DU MATIN
À L'INSTITUT FRANÇAIS DE SAINT-LOUIS DU SENEGAL
La cinquième Nuit de la philosophie, organisée par l'Institut français de Saint-Louis, a eu lieu le 31 mai dans une ambiance chaleureuse et conviviale où le public s'était visiblement délecté en s'exerçant à joindre l'utile à l'agréable. La virilité des concepts et la rigueur dans la logique démonstrative auront été bien digérées grâce à la culture de l'humour et du dépassement. Et comme pour anticiper sur tout conflit entre le corps et l'esprit, des couvertures, des nattes, du fruit et de la boisson ont été mis à la disposition de tous les invités par l'équipe de l'Institut français dont le professionnalisme n'aura jamais été pris à défaut.
Par de chaleureux mots de bienvenue du Directeur du Site de Saint-Louis de l'Institut français, Monsieur Thierry Dessolas, qui en était à sa première Nuit de la Philosophie, a précisé que ce banquet participait d'une volonté singulière de sa structure de contribuer au succès des candidats au bac non pas seulement de la commune de Saint-Louis, mais aussi d'autres localités de la région. Cette initiative explique la présence remarquable d'élèves provenant, en plus des lycées de Saint-Louis, des établissements de Tassinère, Gandon, Rao, Mpal, Ross Béthio et même Richard Toll, distante d'une centaine de kilomètres de la vielle Cité portuaire. Cette volonté a été déclinée par le choix de ce thème qui a l'avantage de permettre un regard exhaustif sur le programme des Terminales : Science, philosophie et Religion : Conflit de compétence ou complémentarité ?
Prenant la parole, à la suite du Directeur de l'Institut français, le modérateur rappellera les règles du jeu dont l'enjeu est de contribuer à la promotion de l'esprit de libre examen et à l'exercice de l'usage public de la parole. Campant la problématique du jour, il rafraîchira les mémoires en observant que la science est accusée « d'avoir fait de nous des dieux avant que nous ne nous méritions d'être des hommes ». Au sujet de la philosophie, en plus d'être jugée subversive, il est reproché à ses partisans de « ne savoir ni ce qu'elle est ni ce qu'elle vaut ». Concernant la religion, elle cultiverait un dogmatisme inhibiteur, tout en servant « d'opium au peuple ». Il s'agit là, poursuivit-il, d'un véritable procès de ces différents modes de connaissance dont l'arbitrage suppose un effort de recentrage conceptuel débouchant sur la délimitation de leur zone de compétence.
Pour ce faire, ont été conviés à ce banquet en direction du 10 juin, date des épreuves anticipées de philosophie : Dr Bakary Samb, Université Gaston Berger et auteur de l'ouvrage Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc, Gaithersburg, MD USA, Éditions Phoenix Press International, 2011 ; Amadou Hamidou Diallo, professeur de Philosophie au Lycée Ahmet Fall ; Pape Bakary Cissokho, Philosophe- Conférencier (par liaison Skype depuis Paris) et Mme Ndèye Fatou Sané Fall, professeur de philosophie au Lycée Cheikh Omar Tall qui a eu la générosité de remplacer au pied levé Pr Abdou Aziz Kébé, empêché.
Dés les premières prises de paroles, les animateurs, parfaitement conscients des enjeux de la rencontre, ont tenu à restituer à chaque mode de pensée ses attributs originels. Ce mouvement de clarification conceptuelle a ramené la philosophie dans la sphère de La pensée, dont l'unicité est fondée sur la diversité des modes de déploiement de la raison. Il s'est agi de faire comprendre aux uns et de rappeler aux autres que cette faculté spécifique à l'homme s'investit dans ces formes différentes que sont la magie, la religion le mythe, la science, la philosophie, etc.
Ces interventions ont sans doute permis d'insister sur la dynamique de différenciation ayant abouti à l'éclatement du savoir avec l'autonomisation des différents ordres du réel qui étaient, pratiquement jusqu'à la fin du 17ième siècle, sous la tutelle de la philosophie. Une fois l'acte de rupture signé et digéré, des questions ne pouvaient ne pas surgir pour circonscrire dorénavant les rapports en philosophie et science : Qui fait quoi, comment et à quelle (s) fin (s) ? Que répond la philosophie au chef d'accusation selon lequel elle se confine désespérément dans une spéculation des plus puériles au moment où la science résout les problèmes concrets auxquels sont confrontés des hommes en chair et en os ? Si les rapports entre les deux modes de connaissance sont complémentaires en quels termes posés cette relation ? Quid de la religion ? La fois, solidaire du mystère disqualifie- t- elle, pour autant, tout recours à la raison ? Le texte sacré a- t-il sa propre vérité ou bien son intelligibilité appelle- t- elle une interprétation à même de faire la part entre l'esprit et la lettre ?
Pour l'essentiel, les participants inviteront à dépasser le conflit stérile pour permettre à chaque mode de pensée de contribuer à l'épanouissement des humains. Une interpellation qui résulte du fait que la science, dans ses avancées vertigineuses, engendre des questions dont les réponses sont extérieures à son champ. Mieux, elles élargissent les horizons de la philosophie. Ce paradoxe remet à l'ordre du jour toute la mise garde du Rabelais du Pantagruel : « science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». Qui plus est, il est loisible de réaliser que l'homme ne vit pas seulement de pain. Du coup, les esprits convergèrent vers Kant dont l'amer constat garde aujourd'hui encore toute sa fraicheur : il est de la singulière destinée de la raison de ne pouvoir s'interdire de se poser des questions auxquelles il lui est incapable de proposer des éléments de réponses.
Pendant des heures, un public, dont l'hétérogénéité socioprofessionnelle sera contenue par la commune ambition de combler le désir de comprendre les hommes, leurs pratiques, leurs discours et leur environnement, portera, dans un climat particulièrement clément et sous un ciel étoilé, le débat pluriel. Et par la « magie » du net, Saint-Louis et Paris, par Pape Cissokho qui a veillé généreusement jusqu'à 5 heures du matin, s'évertueront de donner leur point de vue sur des questions dont la portée dépasse l'académique pour engager l'humain dans ses contradiction les plus structurantes. Aussi le conférencier et animateur parisien de café philo, convoquant avec bonheur Rousseau invitera t-il le public à continuer à cultiver régulièrement l'esprit critique, à favoriser l'interdisciplinarité afin de triompher « de la rencontre des obstacles ».
Dans un bel élan, les invités exprimeront leur profonde gratitude à l'équipe de l'Institut français et à Monsieur Dessolas. Leurs chaleureux remerciements seront aussi adressés aux intervenants qui auront pris de leur temps, de leur intelligence et de leur énergie pour des moments de partage à jamais gravés dans les mémoires. Et comme pour maintenir cette nécessaire tension qui alimente la volonté de vérité, rendez-vous sera fixé pour le 04 juin à 9 heurs 30, sur le parvis de l'Institut français de Saint-Louis pour poursuivre la réflexion.
Alpha Amadou SY
Modérateur du Café Philo de l'Institut Français
Ecrivain et professeur de philosophie
LA PHILOSOPHIE EST ACTANTIELLE EN
CELA QU'ELLE INVITE A L'ACTION
Après le café philo nous sommes passés à l'ATELIER PHILO plus poussé, plus construit, et plus formateur sur la base de textes. La philo ne peut se passer de son histoire et cette histoire est basée sur des textes : Platon, Socrate, Leibniz, Sartre, etc
L’HOMME est-il un compagnon pour l’homme ?
Ce sujet traduirait une insatisfaction par rapport au sujet précédent
sur le mariage. « Le mariage est-ce une obligation morale ou légale
»
Il est question de déterminer le statut du lien, j’entends
ici le lien social/humain.
Le philosophe s’il n’apporte pas une REPONSE parce qu’il
n’a pas science de tout, il se pose des questions et essaie de
comprendre les choses.
Qu’est-ce que l’HOMME ? C’est certainement l’être
humain sans distinction de sexe.
Qui est-il un compagnon celui là qui lui ressemble, avec qui
il marche, fait du chemin, avec qui il est ou peut être en conflit,
celui avec qui il a des difficulté relationnelles
( incompréhension, querelles sans conséquence ou hostilités
violentes etc . Bien souvent nous avons peur de je ne sais quoi et cette
peur ajoutée à notre comportement ne font qu’envenimer
la situation.
Si ce compagnon fait exister/ ou donne du sens à la relation
qu’en est-il de ma spécificité, de mon identité
personnelle, ne risque t-on pas de se perdre, ou l’autre ne tentera
–il pas de nous imposer sa façon de voir au point de m’anéantir
?
Mais on a dit compagnon, quel est le sens de ce mot. Il y a le compagnie
de travail, de stage, de route, pour la vie etc.
A-t-on un compagnon pour longtemps, qu’est-ce qui le différencie
de la moitié dans un couple marié, ou pacsé ?
Il est vrai qu’on peu se demander si dans le compagnonnage on
risque de se perdre, est-ce en réalité une perte ?
Le compagnon veut aussi prendre l’ascendant sur l’autre
au point de nier son existence d’étouffer la personne et
c’est en cela qu’on dit : mieux vaut être seul que
mal accompagner.
Attention ce n’est pas parce que ce compagnon m’a étouffé
que c’est une règle, il nous faut éviter de généraliser
ce genre de relation et se cantonner à penser que toutes les
femmes , tous les hommes sont pareils dans une relation. Erreur.
Dans la vie à deux on a souvent pensé que forcément il y a un qui prend le dessus, est-ce vraiment vrai si un dialogue serein s’installe et chacun apporte son grain de sel, cet apport n’est pas mesurable ni quantifiable, il est et c’est le plus important : cf la soupe aux cailloux
Il faudrait aussi comprendre que l’Homme avant de devenir homme social était Homme à l’Etat de Nature et à cause des difficultés il s’est sédentarisé et s’est organisé créant ainsi des unions pour perpétuer l’espèce. Donc la relation est devenue comme nécessaire à la survie du groupe, en même temps une inquiétude rode et nous dit de garder notre identité dans notre solitude pour être pour exister.
Il s’agit ici de voir entre autres idées la relation,
le lien
Le compagnon est celui avec qui on fait du chemin
Degrés dans le compagnonnage et plus la relation est forte plus
le compagnon se dissout pour prendre une autre dimension avec des valeurs
sacrées le mariage pare exemple.
C’est mon compagnon du jour n’a rien a voir avec le compagnon
avec qui on vit on trime on échange l’intimité avec
qui on a à assumer la charge familiale
L’homme peut être un simple compagnon si on entend par là
la volonté de garder son identité propre et ne pas vouloir
s’inféoder à l’autre ou former une nouvelle
identité à partir des deux précédentes.
De toute façon l’HOMME se dresse pour refuser l’insoutenable,
la subordination : c’est d’ailleurs cette volonté
d’exister, de vivre sa vie tout en étant avec qu’un
qui cause des ruptures.
Le compagnon de toujours on le veut avec des sacrifices, des moments
de concessions et beaucoup de compromis pour faire que la relation persiste
et dure. Et ce n’est s’oublier soi-même, mais bien
évidemment la volonté de faire que la relation fonctionne,
précisons dans les limites du soutenable et du respect de l’identité
personnelle.
Nous écartons de toute relation de servitude, où le compagnon
est réduit à rien, à un suivant corvéable
et taillable à merci. Dans ce cas il est évident, que
l’individu qui aspire à être heureux tout en jouissant
; y compris à l’intérieur de son couple ; d’une
certaine liberté qui n’est pas licence, décidera
de mettre un terme à cette relation indécente. Quoique
notre société a tellement évolué que ce
type de relation est reconnue et acceptées par certains ( déviations
sexuelles ou relationnelles : sado maso, dominateur, soumis que sais-je
? )
« La seule manière d’avoir un ami c’est d’en
être un. RALPH EMERSON
Celui qui cherche un frère sans défaut reste sans frère
RUMI poète perse 1207-1273
Aimer ce n’est pas se regarder l’un l’autre c’est
regarder ensemble dans la même direction
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé
L’amour ne regarde pas avec les yeux mais ceux de l’âme
; idéal fictif ( ascéte, sage etc)( seul quelque gens
sont capable d’arriver à ce stade d’humanisme ) pour
Sartre l’enfer c’est les autres même dans le regard
de l’autre je m’aperçois qu’il peut prendre
l’ascendant sur moi, le conflit est nécessaire et omniprésent
dans le couple.
Ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons
pas, c’est parce que nous n’osons pas que c’est difficile.
SENEQUE
Quand tu chantes ne chante pas en solo
L’homme est un loup pour l’homme. HOBBES
L’homme est bon naturellement c’est la société qui le corrompt. ROUSSEAU
Exemple
Dans la couple recomposé « second mari ou compagnon »
n’a pas le droit de signer les documents de l’enfants ,
peut aider dans l’éducation, les loisirs mais pas prendre
de grandes décisions sachant qu’e l’enfant à
un géniteur «
« Je vis avec ma femme et ses enfants » Cette idée
est délicate mais notre société avec ses lois contraignantes
nous sommes de fonctionner ainsi pour respecter le droit du sang que
rien ne doit violer ou perturber au risque d’être sanctionner
par les enfants eux-m^mes ou la société.
Bref voici quelques éléments non exhaustifs pour nous
aider à voir un peu plus clair dans les relations. Il est difficile
de vivre à deux mais pas impossible, il est possible dans notre
société de vivre sans autrui, mais n’est-ce pas
lassant au bout d’un moment ?
C’est finalement à l’individu et lui seul qui devra
choisir ce qui lui convient, même si on sait que l’homme
est un animal politique et qu’il doit vivre avec son semblable
en société. De toute façon l’homme naît
dans une famille, dans un groupe avec qui il va vivre un temps, à
sa maturité il devra seul décider de son choix de vie
qu’on souhaite heureux pour lui.
En se référant à Rousseau nous pourrons dire que
plus la science et la technique se développent et nous donnent
l’impression de nous auto-suffire, il nous arrive de faire la
part des choses et de comprendre que l’Homme est nécessaire
à l’homme qu’il soit compagnon ou autre. Nous ne
pouvons communiquer avec les machines, mais nous pouvons le faire avec
les êtres humains et cela est appréciable.
" CAFE DE PHILOSOPHIE " SUD-HEBDO No 1017 30/08/1996 SENEGAL :
Une autre façon de " philosopher " :
Cela pourrait s'appeler " philosphical healing "( la guérison par la philosphie).
(Pape et Marc SAUTET initiateur des cafés Philo en France)
Et bientôt ce sera à la mode . L'idée
est en phase expérimentale enFrance. A Paris, c'est l'uvre
d'un français et en provincec'est un sénégalaisqui
en est l'initiateur. Quand ça atteindra l'atteindra l'Afrique,
les sceptiques pourront en rire
mais ne manqueront pas tout de même d'apprécier son originalité.
On dira certainement de Pape Bakary CISSOKO, ce qu'on
a dit de Marc SAUTET. Il n'a pas crée. Il n'a fait que "
réchauffer " un concept qui existait déjà
: sortir la philosophie de l'institution scolaire ou universitaire et
la mettre à la disposition de tous, dans la rue ou sur les places
publiques. C'en était ainsi du temps de Socrate et plus tard
de Aristote avec sa fameuse école péripatéticienne
où les élèves recevaient des cours de philosophie
dans la rue ou à la plage, ou au bord de la mer. C'était
à l'époque de la Grèce antique, aux premières
heures de la philosophie. Aujourd'hui, l'idée a refait surface
avec Marc SAUTET, écrivain, philosophe et Maître de Conférence
à l'Ecole de hautes études de Paris. Mais à la
différence de Socrate ou d'Aristote, " les débats
philosophiques " de Marc Sautet sont ouverts à tous. Du
grand intellectuel au plus petit paysan des lointains confins de village.
Autour d'un pot, dans les restaurants, au bar, café ou tout autre
lieu qui y ressemble. D'où le terme " café de philosophie
". On y discute des thèmes aussi variés que complexes,
choisis sur place : la mort, la vie, les faits de sociétés,
de politique
Tout y passe. Et cela sous une touche philosophique.
Original ! Cette originalité dans la pensée philosophique
commence à faire du chemin.
A Paris, avec Marc Sautet, elle s'est déplacée à
Besançon avec Pape Bakary CISSOKO étudiant sénégalais,
inscrit en doctorat de philosophie.
En lançant à Besançon ses premières
soirées philosophiques dan s l'esprit " la philosophie pour
tous ", il a permis à tous de parler ouvertement des sujets
de fond qui les touchent. On se laisse aller à échanger
des idées, des sentiments et des réactions, et relancer
le culte de la raison. Ou peut être de la raison, dixit notre
confrère " L'Est républicain "( journal de province
en France). Au café philo, on s'expose pas, on cause. On n'y
gagne pas du temps, on accepte d'en perdre. Le temps de philosopher
sur l'évolution triomphante du développement technoscientifique,
les exigences absolues de la vie professionnelle, la délégation
des institutions et sur tout ce qu'il a d'oubli dans les faits institutionnels
et sur tout ce qu'il d'oubli dans les faits institutionnels, y compris
les institutions de son propre esprit. " Cela permet aux gens de
décompresser, de se vider de leurs problèmes dont ils
auront trouvé par eux-mêmes la solution par le dialogue,
explique Pape Bakary CISSOKO. A Dakar où il compte retouner après
ses études, Pape Bakary CISSOKO se contentera de son " café
de philosophie " en attendant de mûrir l'idée d'installer
un " Cabinet de consultation philosophique " à l'instar
de Marc Sautet, où les gens viendront payer pour se faire consulter..
philosophiquement.
Avant de comprendre ;on pourra se moquer de lui. Mais
quand on aura appris avec Pascal que " se moquer de la philosophie,
c'est philosopher "on lui donnera raison.
Oumar KOURESSY SUD-HEBDO No 1017 Vendredi 30 Août 1996 Page 2 :
Sur la terrasse du " Bougainville "
café-Bar-Restaurant La dépêche du fénua Samedi
14/02/1998
De la vie du café philo à Papeete( Tahiti)
Actualité :
Depuis trois semaines, le Café philo a le plaisir d'accueillir
Pape CISSOKO, philosophe, animateur de café philo à
Besançon. Il était au rendez-vous ce jeudi 12 février
avant son retour vers la métropole.
Lénora BENNETT qui avait rencontré Marc
SAUTET et François HOUSSET à Paris a su les convaincre
de venir jusqu'à Papette. Une entreprise réussie il y
a quatre mois grâce au concours de d'Air France, du club Méditerranée
et de la Brasserie de Tahiti.
Le Café philo tahitien, d'abord installé
au " Morrison's café " accueilli par Pacha, se tient
aujourd'hui à la terrasse du " Bougainville ", l'espace
vert au cur m^me de Papeete.
Le café-philo, lieu privilégié de
rencontres et d'échanges d'idées et de réflexions
se veut ouvert à tous, tout le monde est convié. Important
: il n'est nul besoin d'être " fort en philo " pour
participer. Ce n'est pas un cours magistral mais bien un moment accessible
à tous les curieux d'échanges. Le Café philo est
fait pour donner la parole aux gens.
Professions libérales, fonctionnaires, artisans,
pêcheurs, agriculteurs-de cultures insulaires ou continentales,
jeunes en nombre croissant, moins jeunes et anciens se retrouvent tous
les jeudis de 18hà 20h.
Il y a ceux qui passent mais également les "
accros " qui souvent ne se content pas des deux heures à
bâtons rompus et poursuivent encore et encore les discussions
autour d'une table ou se rejoignent nourritures terrestres et nourritures
de l'esprit dans une ambiance chaleureuse.
Les participants, s'ils le désirent, proposent
un sujet. Les sujet recueillis, un vote à main levée détermine
le sujet qui sera retenu pour la séance.
C'est l'animateur qui alors donne la parole aux uns et
aux autres quand ils le demandent.
Les sujets retenus sont divers :
1 ère séance ( octobre 1997)
penser est-ce dire non ?
Séance du 5 février 1998 : pourquoi l'homme
a t-il besoin de croire ?
Ou encore : y'a-t-il une vie après l'amour ?
Ou encore : l'habit fait le moine.
En soutien au café philo, une association présidée par une polynésienne a été créée. Un appel à adhésions est lancé.
A propos des journées de Marseille par Pape
Bakary CISSOKO anime au Café Marulaz de Besançon / Franche-Comté.
Rencontre internationale des animateurs de café-philo.
Journal des cafés philo Philos No57 Août-Septembre
1997 :
Le premier colloque des animateurs de Café philo
fut une aubaine pour tout le monde. Outre le succès manifeste
de ces journées, il faut aller plus loin dans la réflexion.
Voici deux tentatives :
1- A partir de quel moment la philosophie ne doit-elle
pas s'aliéner ou disparaître dans un débat philosophique
au café ?
Notons et retenons que le café est ce lieu public
où le Monde dans sa diversité est représenté.
Si tout individu nanti d'une formation ( philosophique ) ou pas peut
prendre la parole pour donner son sentiment, sa vraie opinion sur le
sujet choisi, l'animateur technicien ou amateur éclairé
de la philosophie ne doit pas laisser dire n'importe quoi.
L'animateur, qu'on le veuille ou pas, est responsable
dans son café, il doit être de taille pour porter la contradiction
jusqu'à ce que l'intervenant se rende compte de l'impertinence
de sa réflexion extrême mais pas de son impertinence à
lui.
Tout le propos sera axé sur ce qui est dit et non sur l'auteur
du propos pour respecter la dignité de chacun et éviter
ainsi la marginalisation.
Il est aussi clair que si certaines références
philosophiques données par l'assistance sont fausses, l'animateur
doit gentiment mais de façon ferme les relever et apporter l'éclairage
nécessaire à la compréhension. Je crois que c 'est
le service qu'on ne peut pas refuser à notre discipline.
Cet exercice est difficile parce qu'il faut en rétablissant
la vérité, en situant la réflexion, dans son contexte
approprié, en donnant d'autres pistes à travers l'histoire,
éviter de porter atteinte, d'écraser celui qui n'a pas
notre chance ou notre compétence.
2-Le café-philo doit-il être un café
politique ? La Politique est la gestion de la cité, cette définition
simple est admise depuis Aristote. Il faut noter que la philosophie
est éminemment Politique au sens fort et qu'elle ne doit pas
se limiter à l'opinion fausse, égoïste subjective
et intéressée. Elle doit chercher le Vrai en donnant les
outils intellectuels pour y parvenir. Le café philo est un lieu
propédeutique où l'esprit s'exerce à se réapproprier
la pensée usurpée par l'institution et les médias.
Il est clair que si chacun doit parler le langage de ses opinions politiques
au café, il sera impossible de dialoguer sur le mode convivial
en quête de vérité. Si nous voulons sérieusement
discuter " les livres au feu, le maître au milieu ",
seule la philosophie ( science de l'être premier selon l'essence
et la nature, c'est-à-dire de l'être qui, n'ayant lui-même
besoin de rien d'autre pour exister, est ce sans quoi rien d'autre ne
pourrait être :P AUBENQUE, le problème de l'être
chez Aristote, page 47) doit être notre guide, puisqu'elle cherche
à dépasser la conjoncture pour s'installer dans l'essence.
Evitons dans nos cafés philo tout ce qui ressemble à la propagande, à la politique politicienne, et cessons de penser que nos débats vont occasionner la révolution. Soyons modestes mais sereins et disons-nous que nous donnons la parole en la distribuant, pour que chacun fasse profiter à l'autre, le différent, de sa manière de penser et à l'animateur de créer cette dynamique nécessaire à l'éclosion du savoir.
Coup de fil à Pape Cissoko :
- Quels sont les objectifs des trois dernières soirées du " café philo " ?
Notre objectif premier est de permettre aux gens de se réapproprier
la parole. Nous avons en générale, en Occident, un problème
de communication. Elle appartient aux institutions, à l'université
et aux mass-média. L'individu est décentré. Il
se croit incapable de prendre parti, de parler, de se prendre en charge.
La philosophie va lui donner les clés pour regarder un problème,
de l'analyser et en sortir une pensée cohérente.
Vous voulons aussi essayer de construire un raisonnement
à partir des idées trouvées. Nous estimons que
chacun est capable de s'autoriser une réflexion sans pour autant
se référer à une tradition philosophique. L'assistance
n'auras pas besoin de citer Platon ou Spinoza pour participer à
la soirée.
Nous voulons aussi permettre aux gens d'être capables, en fonction
des situations, de juger et d'opter pour la meilleure conduite.
Notre calendrier est depuis longtemps bouclé. Nous n'avons pa pu improviser un " café philo " pour les candidats au bac. Des sujets du bac pourront être discutés au cours des prochaines soirées, si les candidats ou l'assistance le désirent. En tous cas, nous ne galvauderons pas la philosophie en l'amenant au café. La philo est pour nous comme une mode de vie.
Le café philo se tiendra au Bar " Le Marulaz " à 20h30 les jeudis 19 et 26 juin et lundi 7 juillet.
Le 17 juin 1997 (L'Est Républicain) :
Et pourquoi pas un Café-Philo à Tahiti ?
Pape Cissoko, un touriste d'origine sénégalaise actuellement dans nos îles, est à la recherche d'un lieu public et convivial, en centre-ville,, où il pourrait transmettre sa passion à d'autres : causer !
Animateur de " café-philo " à
Besançon (Franche-Comté), notre visiteur part du principe
que " tout le monde a quelque chose à dire, surtout en Occident
où l'on rencontre des problèmes de communication ".
Avant d'ajouter que l'objectif premier " est de permettre au commun
des mortels de se réapproprier la parole ". Non pour disserter,
terme jugé trop " pédant ", mais plutôt
pour tenter d'analyser en toute simplicité notre société
moderne.
Le besoin s'en fait visiblement ressentir puisqu'à ce jour, il
existe pas moins de 90 " cafés philo " dans le monde,
aux Etats-Unis, en Allemagne comme à Genève.
Pape Cissoko n'est pas à court d'idées pour
stimuler les cellules grises de " ses patients ".En juin dernier,
à Besançon, apprentis philosophes ont planché sur
l'un des sujets du baccalauréat. Le thème : " La
satisfaction d'un désir est-elle source d'un bonheur ? "
Alors, si dialoguer vous démange, n'hésitez pas à
la contacter au 57.92.21
Dépêche du Funea - Le Samedi 9 Août
1997
Pape Bakary CISSOKO,philosophe
"Les cafés philo rendent aux Rmistes leur humanité"
Dans cette société, certains peuvent rester toute une
journée sans voir quelqu'un à qui parler. Pour ces individus,
les discussions sur des sujets sociaux dans les cafés semblent
être de grands moments de dialogue. Connues sous le nom de "Cafés
philo", ces nouvelles formes de rencontres restent des lieux où
l'on peut exprimer ses interrogations, ses angoisses, etc. C'est à
ce titre qu'elles participent à l'équilibre social en
Occident et permet aux bénéficiaires du Revenu minimum
d'insertion d'être vus comme des... personnes.
Wal Fadjri : Que peut-on entendre par formateur dans le
domaine inter-culturel ?
Pape Bakary CISSOKO : Les Européens s'étonnent, par exemple,
du fait que certains enfants mangent avec les doigts. Alors que depuis
que le monde est monde, nous avons toujours mangé avec les doigts.
C'est après que les gens, notamment les Russes, ont inventé
les couverts. Manger avec les doigts est un art. Mais pour les Européens,
c'est sale. Je leur apprends que manger avec les doigts est un art.
Il y a un apprentissage. Et quand on a compris comment on manipule l'usage
des doigts pour faire sa boulette, on passe maintenant à une
autre étape, celle des couverts occidentaux. Les Européens
nous disent aussi que les enfants mangent par terre. Je leur dis que
ce n'est pas vrai. Les enfants ne mangent pas par terre. Et même
s'ils mangent par terre, il y a une petite natte ou bien l'espace dans
lequel ils mangent est nettoyé. Il y a une hygiène. Les
Occidentaux mangent à table, mais les Chinois mangent dans un
bol avec des baguettes. J'apprends aux enseignants à décoder
ces messages pour ne pas mettre les familles en difficulté et
les enfants en échec. C'est cela l'inter-culturel. Apprendre
à voir autrement les autres cultures et ne pas, tout simplement,
se cantonner à sa culture propre comme si cette dernière
était universelle. Nous autres, intellectuels africains, nous
devons nous battre pour dire que notre culture existe, qu'elle fonctionne,
qu'elle a ses us et coutumes. Et que les gens doivent respecter notre
manière de penser et d'agir.
Wal Fadjri : Votre métier c'est aussi d'animer des cafés
philo. Quel est l'esprit de ces rencontres ?
Pape Bakary CISSOKO :C'est très simple. Il y a eu une crise de
la communication depuis 1990, en France. Ce sont les mass médias
qui ont monopolisé la pensée. Il y avait ce qu'on appelait
la pensée plutonique monopolisée et capitalisée
par la télé, la radio, etc., comme d'ailleurs ici au Sénégal
où les gens ne pensent plus. Il y a ce qu'on appelle la paresse
à la réflexion. Quand je vois des gens qui consomment
au moins 15 heures de télé par jour, je suis ébahi.
(...) En France, Marc Sautet a initié l'idée des cafés
philo. Tous les dimanches, à l'heure de la messe, à 11
heures, Marc Sautet, en fin provocateur, va au café et commence
à parler. L'idée a d'abord séduit un petit groupe.
Et finalement d'autres gens s'y sont greffés. Au départ,
Marc Sautet jouait avec. Et il a compris qu'il y avait un besoin, que
les gens voulaient se parler. Au café, c'est le "tu".
On vous parle facilement. Un noyau a été formé.
Les gens ont voulu régulariser la chose. (...) Les cafés
philo sont ouverts à tout le monde. Ils permettent de montrer
que la pensée n'est pas l'apanage des grandes personnes ou des
universitaires, que la pensée est partagée. Il y a des
gens simples qui ne sont pas universitaires, mais qui ont la faculté
de penser et d'organiser leur pensée.
Wal Fadjri : Qu'est-ce qui fait la particularité des cafés
philo ?
Pape Bakary CISSOKO :Le thème n'est pas défini à
l'avance. Il y a différents systèmes. Notamment celui
où le sujet est défini avant la rencontre. Ce système,
je ne l'aime pas du tout. Car une fois que le sujet est déjà
défini, certains universitaires pourraient le traiter chez eux
d'autant plus qu'ils iront fouiller dans les bibliothèques. Mais
avec Marc Sautet, le sujet est tiré du sac le jour même.
Une dizaine de personnes propose chacun un sujet. Et l'animateur peut
choisir un sujet en fonction de l'actualité ou bien les gens
votent pour élire un sujet. Les formules sont multiples. L'intérêt
est que chacun donne son opinion sans pour autant penser par les livres.
Wal Fadjri : Ces débats spontanés n'auraient-ils pas de
vertus thérapeutiques ?
Pape Bakary CISSOKO :Oui. Vous allez voir en Occident des gens qui,
pendant toute une journée, ne parlent à personne. Ils
sont devant la télé. Nous sommes dans un monde solitaire.
Ils se disent souvent avoir envie d'élever leur niveau de réflexion,
de partager leurs opinions, d'entendre une autre façon de penser.
Et le café philo est l'occasion effectivement de penser le différent,
de penser l'altérité. Le fait de parler vous soulage.
Vous avez des difficultés existentielles, vous broyez du noir,
mais en vous interrogeant déjà, vous vous soignez. Mais
il y a des gens qui ne savent même pas s'interroger. (...) Vous
êtes un Rmiste (Ndlr, un bénéficiaire du Revenu
minimum d'insertion) donc vous êtes en marge de la société.
Vous n'êtes pas reconnu. Au café-philo, on reconnaît
tous les gens, de quelque statut qu'ils soient. On ne vous regarde pas
sur votre image, sur votre statut, vous êtes une personne. C'est
déjà un premier pas. Deuxièmement, quand vous prenez
la parole vous êtes écouté. Moi qui n'ai pas l'habitude
de parler, qui ne suis pas universitaire, au café philo on m'écoute.
Et cela donne du sens. Et quand les gens rebondissent sur ce que vous
avez dit, vous qui pensiez que vous ne saviez rien, vous vous rendez
compte que des personnes adhèrent à votre système
de pensée. C'est en cela que le café philo soigne. On
soigne par la parole
Wal Fadjri : En Afrique, nous n'avons pas de cafés philo, mais
des arbres à palabre...
Pape Bakary CISSOKO :Tout à fait. Si je devais "transférer"
mon café philo au Sénégal, je l'appellerais le
Penc ou l'arbre à palabre. Mais ce serait des discussions extrêmement
longues car tous les Africains sont des philosophes. La pauvreté,
la solidarité, notre système de communication nous incitent
tellement à nous rencontrer que notre réflexion est soutenue.
Quand vous souffrez, la pensée est dense. Celui qui pense très
bien, c'est le prisonnier. On disait souvent qu'on ne peut pas emprisonner
la pensée du prisonnier. Les meilleurs écrivains sont
ceux qui étaient en prison.
Wal Fadjri : Qu'est-ce qui explique, à votre avis, cette tendance
des intellectuels noirs à se former dans le domaine des sciences
humaines pour les enseigner en Occident ?
Pape Bakary CISSOKO :Cela vient naturellement. Etant fils d'instituteur,
je suis né communicateur. Arrivé à l'Université,
je n'avais pas de bourse. J'avais une compétence dans le domaine
de la philosophie. J'ai senti qu'il y avait une crise de la philosophie
en France. Quand Marc Sautet, l'initiateur des cafés philo, a
émis l'idée de ces échanges, j'y suis allé.
Je devais travailler, on m'a dit qu'il faut avoir le diplôme Bafa
ou Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur. Je l'ai passé.
Il en a été de même du diplôme du Brevet d'aptitude
aux fonctions de directeur. (...) Sur le terrain, il y a eu improvisation
si vous voulez, mais avec une fibre pour l'éducation et la communication.
A l'Université, il y a les futurs enseignants. Nous nous sommes
rendus compte que ces derniers avaient un savoir universitaire mais
une inculture criarde. On demande aux gens de proposer des enseignements.
J'avais beaucoup de fiches techniques destinées aux travailleurs
sociaux, aux sages femmes, et ce que je préfère, c'est
l'éducation. J'ai aussi entendu souvent qu'il y avait des conflits
d'interprétation dans ce domaine. Et je me suis dit que voici
un créneau où je peux entrer pour faire quelque chose.
Les autres universitaires africains peuvent entrer dans je ne sais quel
domaine parce qu'il y a un besoin, et ils ont la compétence.
Ma compétence c'est l'éducation, la formation. Mais ce
n'est même pas une question de Noirs. C'est une question tout
simplement de personne. Les questions de Noirs sont des problèmes
de complexe. Quand je suis à l'Université, on ne regarde
pas la couleur de ma peau. On sait que Pape Bakary Cissoko est spécialisé
dans tel domaine et on m'écoute. (...) Quand vous êtes
bon, la couleur de la peau disparaît.
Wal Fadjri : Votre mission s'inscrit-elle en faux contre cette idée
qualifiant les enseignants africains exilés de symboles de la
fuite des cerveaux ?
Pape Bakary CISSOKO :Tout intellectuel aime son continent, et en premier
son pays. Notre mission est de déciller les yeux des gens à
l'image de ce que Platon fait pour les ignorants. Seuls les méchants
sont ignorants. Une fois qu'ils savent, ils ne sont plus méchants.
A nous autres intellectuels qui avons voyagé et étudié
à travers les livres, (...) de comprendre le monde et à
nous de revenir pour l'enseigner dans nos rencontres et le vulgariser
au maximum. Si un intellectuel s'abstient de le faire, il n'est plus
un intellectuel. Il devient tout simplement un instruit ou un lettré.
L'intellectuel, c'est celui qui connaît et essaie de soumettre
à la sagacité des autres, sa culture, son expertise, etc.
C'est ce à quoi je m'attelle quand je suis dans les colloques,
les conférences, au bistro. Partout où je vais, c'est
pour clamer haut et fort le savoir-partager.
Propos recueillis par Lalla CISSOKHO et Mbagnick NGOM
Le
Sentiment d'imposture, quelques mots pour comprendre de façon schématique
(fichier PDF)
Métro-boulot-dodo
" est-ce la vie ?
(fichier PDF)